Puisque la Terre brule et que demain s’embrase

Un soulagement. C’est le premier mot auquel j’ai pensé lorsque j’en ai pris conscience. J’imaginais être triste, pleurer toutes les larmes de mon corps, mais non. En fait, je suis presque soulagée. Ça semble étrange, c’est vrai, mais je ne ressens rien. Aucune peine, aucune douleur, ni même du chagrin. Rien, sauf du soulagement, et l’envie de repartir à zéro. Pour la première fois, j’ai mon frère pour moi toute seule. Sa sœur unique, sa petite sœur. Mes parents sont morts, il y a un mois ou deux, je ne sais plus. Depuis, le temps semble s’être évanoui.

    Avec mon frère et des amis, nous nous réfugions dans l’une des salles de cinéma de la rue Georges Bonnac. L’air y est frais. Le contraste avec l’extérieur est saisissant. Dehors la ville fond, sèche, halète, étouffe sous une chaleur intenable, torride. Nous sommes bien au frais. Mon frère et moi. Et Bella, Pauline et les autres. J’aimerais qu’on soit tous les deux, juste lui et moi, comme auparavant. Mais il y’a Paulette. Il l’a aimée Paulette, comme un couple s’aime. Une passion des débuts, avec fougue, une passion d’amour. Je crois qu’il ne l’aime plus, je n’en suis pas sûre. Peut-être que je me trompe.
    Dehors, la nature assiège Bordeaux, la ville est prise au piège. La chaleur continue de grimper. La canicule. L’océan gagne chaque année un peu plus de terrain. David contre Goliath. La planète bleue, l’appelle-t-on, elle n’a jamais aussi bien porté son nom. L’eau inonde Bordeaux. Elle ne cesse de recouvrir les terres médocaines, n’épargnant aucun lopin, lissant les inégalités de prestige d’une appellation à une autre. Un gigantesque marécage, un bain de vignes mourantes. Le Sud brule. La chaleur embrase les pins. Les millions de pins qui dessinent la forêt des Landes. Le feu règne en maitre. Le maestro orchestrant la libération des flammes, l’enchantement funeste des volutes de fumée. Le grand incendie, comme une chronologie déterminée, une répétition de l’histoire à l’infini. À l’intérieur des terres, la sécheresse expulse les derniers habitants rebelles. D’autres vagues d’exilés climatiques arrivent du sud. Ils sont partout. Partout. Une mer de bannis. Tumultueuse. Agitée. Dangereuse. Les gens fuient. Ils ressemblent à une horde d’animaux face à leur forêt en flamme. Bordeaux se noie, piégée. Des gens crient. Des gens courent. Des gens tombent. Des corps s’entrechoquent, se bousculent, s’abiment. L’eau s’infiltre dans le cinéma. Il est temps de quitter la ville, de franchir le fleuve et de rejoindre une terre meilleure. Il est temps pour nous de partir, partir au plus vite.

 

    Mes parents possédaient un Château à Saint-Émilion, un de ces grands crus dont les vins, autrefois, s’arrachaient à prix d’or. Premier, second, classé, déclassé, surclassé, je n’y ai jamais compris grand-chose, mais aux yeux du monde, leur valeur était considérable. De la valeur, de la richesse, de quoi nous mettre à l’abri pour longtemps, pensaient-ils. Mon père en était fier. Il était surtout fier de son fils, mon frère. La septième génération de viticulteurs, une propriété de père en fils, répétait-il en posant sa main décharnée sur l’épaule de son héritier. Une main rigide. Triste. Grave. Il était fier, mon père. L’honneur était sauf.
    Je n’ai jamais aimé le vin. On ne m’en a jamais donné l’occasion.
   Ma mère se taisait. Elle a toujours préféré se taire. Même ses yeux se taisaient, éteints comme un village de campagne plongé dans une interminable nuit hivernale. Scintillants de temps à autre, comme un relent de vie, un relent d’envie. Un espoir, peut-être. Elle ne vivait déjà plus, ma mère. Je voulais être reporter, mais comprends-tu, Fleur, reporter n’est pas un métier pour une femme. Je suis née en deux-mille-trente, pourtant mon existence semblait figée au milieu du siècle dernier. On m’avait renommée comme la plus belle chose que puisse offrir le printemps. Une fleur qui s’ouvre quand dehors les oiseaux chantent l’arrivée de la saison nouvelle. Une fleur printanière, un souvenir lointain, presque irréel, mêlé de mémoire et d’oubli. Une fleur printanière, délicieuse image d’une époque abolie. Fleur, la bien nommée.
    Mon frère a quitté ma vie le jour où mon père a décidé qu’il reprendrait le domaine. Trop tôt. Il était mon seul interlocuteur dans cette famille amputée des mots. Des sentiments aussi. Nous étions une famille au sens premier du terme, ni plus ni moins, un simple regroupement de personnes partageant le même sang. Sans âme. Sans cœur. Ma mère sombrait dans l’alcool alors que mon père dédiait sa vie à la prospérité du Château. C’était lui notre famille, ce Château, notre lien, la connexion entre les étrangers que nous étions.
    J’avançais seule. Une Fleur fanée au milieu d’un champ de vignes.
    Si ma mémoire est bonne, les affaires ont commencé à prendre une sale tournure à mes dix ans. Deux-mille-quarante. L’année de la Grande Canicule, le jour du basculement. J’aurais bien aimé qu’on me souhaite mon anniversaire. À Saint-Émilion, on était plutôt épargné par la grêle et les inondations. Mais la sécheresse sévissait, tailladant le plateau calcaire qui entourait la cité. La terre souffrait, comme la peau des mains, celle entre les doigts, par une journée de grand froid. Entaillée, sèche, crevassée, douloureuse. Blanche. La terre s’abimait, la vigne avait mal, le merlot capitulait. Le vin devenait plus sec, plus amer, moins aromatique, expliquaient les experts. Ils parlaient d’arômes compotés. De petites baies noires en compote, des prunes très mûres, des mirabelles, du cassis. Beaucoup de cassis en compote, et du pruneau. Le prestigieux Bordeaux perdait ce qui le rendait alors unique. Sa finesse, son gout, son élégance. Il devenait commun. Il devenait banal. Il pressentait la fin. C’est à mes dix ans que mon père a sombré dans la folie. Son empire s’effondrait. Le travail d’une vie disparaissait. Celui de son père aussi, de son grand-père. Celui de son fils. Comme ses voisins, il essayait d’irriguer ses parcelles. Mon frère l’aidait, ils étaient inséparables. Ils ont même tenté de planter des cépages du sud, d’Espagne ou du Roussillon. Ils en ont essayé des choses, mon père et mon frère, pour sauver leur vignoble.
    Pendant ce temps, de l’autre côté du fleuve, le Médoc luttait contre la montée des eaux. Il redevenait ce qu’il était deux cents ans plus tôt, une terre d’eau. Un gigantesque marécage. La viticulture bordelaise entamait son déclin.
    C’est beau l’eau qui monte. Les paysages qui disparaissent un à un. La géographie qui se modifie. Le bruit du silence. Mon bruit favori. Rien.
    Ensuite tout est allé très vite. Trop vite, prenant tout le monde au dépourvu. Les années sont passées. Dix années, de mes dix ans à mes vingt ans. Dix ans de panique, de peur, d’échec. L’eau est montée très haut dans les rues de Bordeaux. À certains endroits, elle n’est jamais redescendue. Les immeubles pourrissaient, tombaient en ruine. À chaque averse, les grêlons grossissaient. Ils détruisaient tout sur leur passage. Tout. Le revêtement des façades des bâtiments s’effondrait. Un raz de marée céleste. Une malédiction. C’est à partir de ce moment-là que les habitants ont commencé à fuir, les politiques aussi, les entreprises. Les riches d’abord, puis les pauvres. La panique. L’exode. L’anarchie. C’était une année presque comme les autres, jusqu’au printemps. Mon dernier printemps. La ville était malade. Elle tombait aux mains des brigands. Des bandits. Des filous. Des gredins. Le monde était malade.

    Et puis c’est arrivé. Il y a un mois ou deux, je ne sais plus. Bella et moi récupérions des affaires dans son appartement aux Chartrons, Rue Ramonet. Une petite rue très sombre, proche des quais, que l’eau recouvrait dans sa longueur. Elle habitait au rez-de-chaussée, nous avions de l’eau jusqu’aux mollets. Soudain, mon frère a surgi. Dans l’entrée, la main appuyée contre l’encadrement de la porte. Essoufflé. Je ne l’avais pas vu depuis une éternité. Du moins ne nous étions-nous pas parlé depuis des années. Nous nous croisions, seulement, comme mon père rencontrait le fantôme de ma mère chaque jour. Les gens changent vite, mais jamais je n’aurais pu oublier son visage. Mon frère. Son visage anguleux, séraphin, ses traits émaciés. Son teint était blême, il me semblait plus vieux. Sa peau blanche et ses cheveux bruns l’habillaient d’une mine funèbre. Il me semblait beaucoup plus vieux. Je tressautais de peur. J’en avais mal dans tout le corps. Avoir peur de mon propre frère, je m’en croyais incapable. Ses vêtements étaient tachés de sang et de terre. Il puait la transpiration. L’odeur des hommes quand ils suent, cette odeur animale mêlée à celle des poils dorés par le soleil. L’odeur de l’allumette en feu qui frôle la peau pour y déposer une légère note grillée. L’homme puissant devenu impuissant. Sa respiration saccadait. Il s’essuya le front du revers de la main, reprit son souffle, et me fixa dans les yeux. « Ils sont partis », articula-t-il. Je le dévisageai, intriguée. « Ou ça ? » lui demandai-je avec naïveté. « Tu le fais exprès ? ajouta-t-il, agacé par ma réponse, ils sont morts, décédés, disparus ! » Il découpa bien chaque syllabe, insista sur chaque mot, marqua une pause à chaque coupure. Je ne réagis pas. Il s’énerva. Sa peau rougit, tuméfiée par l’émotion. Il transpirait encore plus. Et moi, je ne savais pas quoi répondre. Je n’avais rien à dire, je n’avais pas de chagrin, je ne ressentais aucune souffrance, je ne trouvais pas mes mots. Rien. Bella l’attrapa par la main. « Viens t’asseoir », lui murmura-t-elle tendrement.
    Je restais figée dans l’entrée, statufiée, honteuse. J’aurais voulu être triste. J’aurais voulu pleurer. J’aurais voulu me serrer contre lui et le laisser me réconforter. J’aurais voulu qu’il me susurre dans l’oreille que je lui avais manqué. J’aurais voulu sentir nos corps enlacés. Mais je n’y arrivais pas. J’étais triste de ne pas y arriver.
    Il revenait de chez nos parents. Le Château avait été pillé, saccagé par des bandits. Ils avaient été tués pendant le diner. Ils les avaient poignardés, mes parents. Mon frère était dans la cuisine, il avait tout vu. Ses yeux ne brilleront plus jamais du même bleu. Il s’est enfui. Il a couru dans les vignes, il a couru toute la nuit. « Tous les châteaux ont été pris d’assaut, nous expliquait-il, tous ». Les viticulteurs fuyaient, les agriculteurs, les commerçants, les habitants. Les villages étaient vides. Saint-Émilion était devenu une ville fantôme. La campagne mourrait. La ville sombrait. J’allumais une cigarette. Je tirais une latte, une longue latte, la première, celle qui me tourne toujours un peu la tête. Je cendrais. « Les Landes brulent, l’interrompis-je, c’était la plus grande forêt française. »
    Il me fixa du regard, puis il fit demi-tour. Nous décidâmes de le suivre.

 

    Depuis, nous attendons cachés dans le cinéma. Chaque jour, mon frère passe son sac en bandoulière autour du cou et sort chercher à manger. Chaque jour, je demande à l’accompagner. Et chaque jour, il me répond non. D’un ton placide. Froid, sans émotion. Depuis leur décès, il parle peu. Il limite l’usage des mots à leur minimum. Le nécessaire vital, l’essentiel. Il communique par les yeux, ses yeux de chien de traineau, ses yeux bleu-gris. Plus gris que bleu aujourd’hui. Absorbé. Absent. Il semble happé par de continuelles pensées. Pense-t-il à moi ? À la vie normale qu’il aurait pu avoir ? Pense-t-il à eux ? Quand son regard affolé croise le mien, il baisse les yeux. J’ai envie de l’aider, de me serrer contre lui, de lui rappeler qu’il n’est pas seul, de le faire rire, de l’écouter. J’ai envie qu’il me parle. J’ai envie de lui prouver que je suis sa famille. Pas la famille qu’il a connue, qu’on a connue. Non, celle au second sens du mot, au troisième, au centième, au millième. Celle qui renforce, construit, soutient, connait, écoute. Celle qui aime sans lassitude. J’ai envie qu’on soit inséparables. Mon frère. Moi. Mon frère et moi. Il est ma famille, je suis la sienne. Il est le frère avec qui j’ai passé les dix premières années de ma vie avant d’être brutalement exclue de la sienne. Arrachée à mes songes de gamine. J’ai toujours été rêveuse. Mon frère aussi. Le monde l’enchantait, il était comme ça, avant que la vie d’adulte ne l’enlève. Avant que la raison ne le kidnappe. Désenchanté. Mais chaque jour, elle surgit de la pénombre. Pauline. Elle attache ses longs cheveux bruns et les enroule sous sa casquette avec grâce. Elle est belle. Elle me tourne le dos et lui saisit la main. Sa main décharnée, comme celle de notre père. Il avance, elle lui emboite le pas. Mes poings se serrent et ma mâchoire grince. Je suis incapable d’articuler le moindre mot, de faire le moindre geste. Paralysée. Je regarde leurs silhouettes filer contre le mur noir. Un noir d’encre qui coule. J’ai mal au cœur. J’ai mal dedans. Dehors, l’air vicié par la chaleur étouffe la ville. Dorénavant, la Garonne recouvre les quais. Le pont de pierre semble naturellement posé sur le fleuve, flottant. Le soleil brule. Les averses de grêle et les orages deviennent de plus en plus violents, de plus en plus fréquents, de plus en plus imprévisibles.
    J’attends.
    Jusqu’à ce matin. Pauline est malade. Son corps frissonne. Elle a de la fièvre, beaucoup de fièvre, nous dit mon frère. Il faut lui trouver un médecin, et vite. Il se lève, attrape son sac en bandoulière et se dirige vers la sortie. Sans que mon corps ne le décide vraiment, je me redresse et lui emboite le pas. Il se retourne, me regarde, m’observe avec ses yeux bleu-gris couleur de galet, ses longs cils courbés, plutôt galet mouillé. Ses yeux bleu ardoise, secrets, ses yeux de chien des grandes plaines enneigées. Ils sont humides. Ils brillent, soucieux. Mon frère n’a jamais su mentir. Il a peur. Il saisit ma main. Il a chaud. Il transpire. Sa respiration saccade, bourdonne d’inquiétude. Alors, l’instant d’une seconde, je blottis ma tête contre son cœur agité. Je suis bien dans ses bras. L’instant d’une seconde, j’ai retrouvé mon frère. Puis nous nous dirigeons vers la sortie.
    Dehors, il marche devant moi d’une foulée sûre et cadencée. Taciturne, les yeux rivés sur l’horizon. De temps en temps, il se retourne et s’assure que je le suis. Je le suis toujours. Quelquefois, je croise son regard. Ses yeux se sont éclaircis, bleu bleuet ou bleu pastel, ils sont plus clairs. Nous longeons les murs à la recherche d’ombre et de fraicheur. La chaleur est assommante. Nous nous dirigeons vers le marché du Stade Chaban dissimulé sous les tribunes, le marché clandestin où mon frère fait des affaires. Il est doué, il a toujours eu le sens du commerce. Il trouvera surement un médecin ou des médicaments. Nous traversons les terrasses surélevées et surannées de Mériadeck, entourées de tours aux murs de béton effrités par le temps et les saisons, figées dans leur désuète modernité des années soixante, quand un objet heurte ma tête avec violence. J’aperçois mon frère stopper sa marche une ou deux longueurs devant moi, quand à nouveau, je suis frappée au front. Un choc brutal et douloureux. Des grêlons, gros comme des citrons. Il pleut d’énormes grêlons. Du sang coule. Entre mes yeux, sur mon nez, je le distingue ruisseler. Épais et visqueux. Très rouge. Rouge carmin. Il se mêle à mes cheveux trempés de sueur. Mon corps entier se fige. Ma peau moite frissonne. Ma vision se floute. Je discerne mon frère courir dans ma direction. Je m’effondre. La terrasse de dalles abimées se recouvre d’un océan de grêlons. Une mer de glace, blanche comme de la poudreuse. Immaculée. Vierge comme l’était jadis l’étage nival des sommets des Pyrénées. Du sang chaud coule sur ma joue, beaucoup de sang. Tout s’obscurcit, je ferme les yeux. Le temps n’existe plus, distendu, il flotte dans l’air une sorte de légèreté, un souffle doux qui caresse ma peau brulée par le soleil. Je me laisse aller. Je m’évanouis.

 

    Puis le ciel s’éclaircit.

 

    Un bruit d’explosion me réveille. Ou un bruit d’écroulement. Un mur qui tombe, ou des grêlons qui frappent, je ne sais pas. Un bruit caverneux. Un battement régulier tape à l’intérieur de ma tête, poum poum poum, comme la pédale d’une batterie sur une grosse caisse. Sourde. Diffuse. Ma tête est une grosse caisse. Je me suis évanouie. Je crève de chaud. Jamais je ne me souviens avoir eu aussi chaud. Mon estomac grogne. Je me sens comme un animal, comme une bête affamée, blessée. L’intérieur de ma tête tambourine. Sans cesse, ça me fait mal. Je peine à ouvrir mes yeux collés par le sang. J’ai chaud, très chaud. Je crève de chaud. Jamais je ne me souviens avoir eu aussi chaud. Ma tête saigne à nouveau, du sang glisse sur ma joue endolorie. J’ai mal. Mon estomac grogne une nouvelle fois. Je n’ai pas mangé depuis la veille. Combien de temps suis-je restée évanouie ? J’entends une autre explosion. Ou un effondrement. Plus proche me semble-t-il. Je n’ai pas la force de me lever. Je réussis à ouvrir les yeux. Je n’ai pas bougé, je suis allongée au milieu de la terrasse. La mer de glace a fondu, même l’eau a disparu. Le soleil a tout séché. Il fait trop chaud. Il fait trop chaud pourtant mon corps commence à trembler, par petites secousses, saccadées, des frissons. J’ai un peu froid maintenant. J’ai mal partout. Mon corps devient douloureux, il semble vidé de son énergie. À plat. Exténué. J’ai de plus en plus froid. Très froid.
    Je tourne la tête. Mon frère est là, étendu sur le sol, la bouche entrouverte, le visage couvert de sang. Du sang séché. Combien de temps sommes-nous restés évanouis ? Endormis ? Il va se réveiller, bientôt, et nous partirons, lui et moi, vers une terre nouvelle. Il va se réveiller, c’est sûr, et me prendra dans ses bras.
    Mon frère me manque. Il va bientôt se réveiller. Je vais me rendormir, en l’attendant.

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